Rose de mai : parfumée, mais pas que!
La rose de mai est une variété de rose hybride issue du croisement entre quatre sortes d’espèces de rosiers: le rosier de France (Rosa gallica), le rosier musqué (Rosa moschata), le rosier de Damas (Rosa damascena) et le rosier des chiens (Rosa canina). Surnommée « rose de mai » à cause de sa récolte qui s’effectue durant mois de mai, on l’appelle aussi rose de Grasse (le berceau historique de l’art de la parfumerie), ou par son nom botanique, Rosa centifolia.
D’abord cultivée pour son parfum, on l’utilise de plus en plus pour ses propriétés cosmétiques. Particulièrement appréciés des peaux sensibles & matures, les différents extraits de pétales de rose (macération huileuse, hydrolat et huile essentielle) sont dotés de vertus apaisantes, réparatrices et régénératrices.
L’extraction d’hydrolat et d’huile essentielle demande des équipements assez dispendieux, mais la fabrication de macérât huileux, elle, est à la portée de toustes!
Grossesse, allaitement, enfants? Aucune précaution particulière à prendre! Le macérât de rose de mai peut être utilisé chez les enfants et les bébés, et pendant la grossesse et l’allaitement.
Qu’est-ce qu’une macération solaire?
La macération solaire est une macération huileuse de plante(s) qui utilise la chaleur du soleil pour en extraire les propriétés cosmétiques et thérapeutiques et les transférer dans une huile végétale, dite « porteuse ». C’est un macérât « à chaud », mais qui s’opère par la chaleur douce et diffuse des rayons du soleil, au lieu de la chaleur plus directe d’un bain-marie. Cette méthode extrairait plus efficacement les propriétés des plantes selon certain·es.
La préparation se fait bien sûr en saison chaude (disons qu’en plein hiver québécois, ce n’est pas le moment idéal!) et l’extraction dure plusieurs semaines.
Cette technique est indiquée pour tous les types de plantes, mais certaines l’apprécient encore plus que d’autres, comme le millepertuis. Cette méthode permettrait d’en extraire davantage d’hypéricine, le principe actif à l’origine de ses propriétés, résultant en un macérât rouge et concentré!
Si tu veux en savoir plus sur la fabrication de macérâts huileux en général, consulte notre chronique Herboristerie 101: fabriquer son macérât huileux.
La fabrication
On dépose des pétales de rose séchés dans un pot en verre propre, muni d’un couvercle hermétique. Si on réalise le macérât avec des fleurs fraîches, on doit les laisser sécher au minimum une journée pour qu’elles perdent une partie de leur humidité. On verse ensuite une huile végétale sur les pétales jusqu’à ce qu’ils soient recouverts d’au moins 1 cm d’huile.
On choisit une huile porteuse assez résistante au rancissement, comme les huiles de tournesol, de coco fractionnée ou de jojoba; d’autres huiles plus fragiles ranciraient facilement et perdraient ainsi de leur durée de vie et de leurs propriétés dans le processus de macération.
On ferme ensuite le pot hermétiquement et on le dépose dehors dans un endroit ensoleillé, mais idéalement à l’abri de la pluie et des attaques d’écureuils!
On expose le pot directement aux rayons du soleil? Non! Il est important de recouvrir le pot avec un papier opaque ou un tissu; on veut la chaleur du soleil, mais pas sa lumière directe un peu trop généreuse et qui pourrait accélérer le rancissement de l’huile.
24 heures plus tard, on ouvre le pot pour évacuer l’eau résiduelle qui aurait pu s’évaporer des pétales (surtout si les pétales utilisés étaient frais). On vérifie aussi si l’huile couvre encore les pétales de rose. Si les pétales ont absorbé une trop grande partie de l’huile et qu’ils dépassent sa surface, on rajoute de l’huile pour les couvrir d’un bon centimètre. On referme le pot, en le couvrant de nouveau avec le papier opaque ou le tissu.
On laisse reposer et macérer doucement pendant 3 à 6 semaines. Chaque deux jours, on secoue le pot pour faire bouger les pétales.
Lorsque la période de macération est écoulée, on filtre notre macérât avec un coton fromage, un sac à lait de noix ou un tissu fin en pressant bien pour retirer le plus d’huile possible. On verse l’huile dans une bouteille ambrée à bouchon, à pompe ou à pipette.
Comment utiliser le macérât de rose?
Le macérât de rose s’utilise comme huile de soin toute simple pour le visage & le corps. Il fait d’ailleurs un excellent soin contour des yeux ou huile après-soleil! Son effet raffermissant en fait aussi une huile idéale pour les soins du buste.
On peut également l’incorporer dans des recettes de beurres corporels, de crèmes ou de sérums, en remplacement de l’huile végétale de base d’une recette donnée. On te suggère de l’incorporer à nos recettes de super baume à la rescousse de (presque!) tout, de beurre d’été pour le visage mangue et petitgrain ou encore dans la crème hydratante légère au beurre de mangue et à la fleur d’oranger.
Différencier les produits de la rose
Les plantes de la famille des Rosacées nous offrent plusieurs sous-produits très appréciés en cosmétiques, et il peut être compliqué de s’y retrouver! Pour réussir une recette, on doit savoir à quel type d’ingrédient on a affaire pour l’utiliser à bon escient.
Le macérât huileux de rose
Tel que vu ici, c’est une huile infusée de pétales de rose aux vertus apaisantes, réparatrices, régénératrices et rafermissantes. On peut l’utiliser tel quel, en soin cosmétique, ou l’intégrer à des recettes!
L’hydrolat de rose
Un hydrolat est un liquide aqueux extrait par distillation à la vapeur d’eau. L’hydrolat de rose est la plupart du temps extrait des pétales de la rose de Damas (Rosa damascena), mais parfois aussi de la rose de mai (Rosa centifolia). On l’apprécie pour ses propriétés cosmétiques pour les peaux matures, sèches ou irritées. On peut l’inclure dans des recettes (crème, sérum aqueux, tonique) ou le vaporiser directement sur la peau du visage.
Attention! On voit souvent les appellations « eau florale de rose » et « eau de rose ». Il s’agit parfois de véritables hydrolats, mais il peut aussi s’agir d’eau dans laquelle on a dilué de l’huile essentielle ou de l’absolu de rose, ou parfois d’essence naturelle ou de fragrance artificielle de rose.
L’huile essentielle de rose
Comme les hydrolats, les huiles essentielles sont extraites par distillation. Elles représentent les molécules aromatiques volatiles présentes dans une plante, et comme elles sont très légères, elles flottent à la surface de l’hydrolat après la distillation. On distille le plus souvent les pétales de la rose de Damas, et parfois ceux de la rose de mai.
L’huile essentielle est composée à 100% de principes actifs. Elle est donc très concentrée et une infime quantité est nécessaire dans une recette, soit une concentration de 0,5% pour les soins du visage. Elle est très régénératrice, revitalisante, tonifiante et cicatrisante. C’est souvent la vedette des soins cosmétiques de luxe!
Comme plusieurs milliers de fleurs sont nécessaires à la distillation d’1 ml d’huile essentielle, l’authentique huile essentielle de rose figure parmi les plus dispendieuses sur le marché, mais il est possible de la retrouver pré-diluée dans une huile végétale pour rendre son prix un peu plus digeste!
L’absolu de rose
Similaire à l’huile essentielle, l’absolu est un concentré de molécules aromatiques extrait par solvant. À l’époque (avant les années 1930), l’absolu était extrait par enfleurage: les fleurs étaient infusées dans du gras animal et le parfum était ensuite extrait à l’alcool par décantation. De nos jours, d’autres solvants sont utilisés, ce qui rend le procédé beaucoup moins laborieux.
L’absolu ne possède pas de propriétés cosmétiques. On l’utilise en parfumerie ou pour aromatiser les cosmétiques.
L’huile de rose musquée
Cette huile est issue par pression des graines d’une variété de rosier muscat (soit Rosa rubiginosa, Rosa canina ou Rosa mosqueta). Bien que ces arbustes fassent partie de la même famille que les roses (les Rosacées), ils s’apparentent davantage à l’églantier. L’huile pressée n’a pas l’odeur de la rose puisqu’elle est extraite des graines. Elle a plutôt une légère odeur de noisette. C’est une huile cicatrisante, raffermissante et réparatrice.