Des fois, entre désirs et réalité, y’a deux mondes.
Prenons aujourd’hui l’exemple des contenants en verre et des sacs compostables. Laisse-nous te raconter pourquoi on a dû renoncer (en partie) à ces éléments de notre entreprise. À contrecœur, certes, mais de façon complètement assumée, pragmatique, par respect pour le portefeuille de nos client·es… et par amour pour l’avenir de notre business.
Il était une fois… des sacs compostables qui se compostaient sur les tablettes
Dans les débuts de notre entreprise, on voulait absolument vendre nos ingrédients dans des contenants de verre OU compostables. Rien d’autre. On était très à cheval sur ce détail. Pis on avait toutes les raisons de l’être, n’est-ce pas? Plus durables, plus écologiques, plus cohérents avec notre mission et nos valeurs.
Sauf que.
Dans le monde des sacs compostables, le greenwashing se fait aller ben en masse. Beaucoup de fabricants vendent des sacs soi-disant compostables… alors que finalement, le zip et la valve ne le sont pas et qu’il faut prendre 1 semaine de congé et faire un bac pour apprendre à déconstruire le sac avant de le mettre au compost… SI le sac est compostable dans les faits! Parce que voilà, ces sacs sont compostables dans des installations ben ben ben spécifiques et très loin d’être accessibles partout au Québec. Wow.
Quand ce n’est pas un problème de greenwashing, d’autres obstacles se pointe le bout du n… la face au complet. Un exemple? Facile. Pénurie de pellicule de bioplastique compostable (PLA). Donc pénurie de nos sacs. Donc incapacité d’avoir un approvisionnement fiable desdits sacs compostables.
On fait comment dans ce temps-là? On développe des produits en partant souvent du packaging. Du format. De la couleur. Quand on a une pénurie de ce packaging-là, ça implique une grande réorganisation de notre côté, ce qu’on a fait à maintes reprises en raison de ces fameux sacs compostables soudainement indisponibles.
Donc pour ce problème précis, on s’est plusieurs fois tournées vers des alternatives, jusqu’à ce qu’on trouve un fournisseur qui nous semblait le bon, mais… (tiens-toi bien) après quelques mois à travailler avec un nouveau type de sacs du nouveau fournisseur, on réalise que ben tab*, les sacs compostables se compostent carrément sur les tablettes, devant nos yeux.
OUI OUI. Hey là, on veut ben, mais dans l’domaine du pas pratique, ça fesse fort.
Nos ingrédients se conservent souvent très longtemps, soit de 1 à 2 ans et même plus longtemps! Tu comprendras que cette situation est hautement problématique pour préserver l’intégrité de nos produits, ne serait-ce que sur les tablettes de notre atelier alors qu’ils attendent tout simplement que tu les achètes.
Des licornes et des papillons
Le concept de sac compostable, c’est beau sur papier. Jusqu’à ce que tu veuilles assurer l’intégrité de ton produit, que tu veuilles un approvisionnement sûr, que tu refuses de faire du greenwashing parce que tu aimerais bien que tes sacs se compostent pour vrai, au complet et facilement (mais pas sur tes tablettes)… ben c’est là que l’équation s’en vient difficile à supporter pour une PME, et pour n’importe quel type d’entreprise en fait! C’est beaucoup de pression sur nos épaules et c’est juste complètement pas gérable et pas rentable.
Et là, ajoute en plus à ça l’inflation et le portefeuille plus serré des gens.
Le cash!
Imagine-toi dont que les sacs compostables, ben c’est vraiment plus cher qu’un sac en plastique recyclable. Genre solidement.
Donc… on fait quoi? Arrives-tu au même constat que nous? On continue à se démener comme des truites qui nagent à contre-courant pour garder nos sacs compostables au péril de notre santé mentale et de notre entreprise, OU BIEN on accepte que c’est une bataille perdue d’avance et on focusse notre énergie sur notre mission et notre message?
Donc voilà. On a fini, après tellement de mésaventures et de cassage de tête, par se tourner vers des sacs kraft et des sacs recyclables pour certains de nos produits.
Nous avons encore des sacs compostables pour certains items, comme nos plantes. Un type de sac compostable en particulier fonctionne bien! Mais il n’est pas adapté pour tous nos produits. En tous les cas, soyez assurez qu’on indique toujours sur les sacs s’ils sont compostables ou recyclables. Notre désir est d’être toujours transparentes avec vous!
Pis le verre dans tout ça?
Hey seigneur. L’autre dossier!
On adore le verre. Vraiment là! Mais il nous complique la vie en calibouère, hahaha.
Tout d’abord, il faut savoir que le verre est très peu recyclé au Québec. Un fait quand même important et relativement non négligeable, n’est-ce pas?
En plus, il représente un énorme challenge en matière d’envois postaux: il coûte non seulement beaucoup plus cher à envoyer que du plastique parce qu’il est plus lourd (et les frais de transport représentent déjà un GROS défi pour les PME comme on en parle ici), mais il est aussi plus cassant et implique donc d’avantage d’emballage et de manipulations.
Alors en plus de coûter plus cher à l’achat, il coûte plus cher à emballer en matériaux et en temps d’assemblage ET il coûte plus cher de frais de transport ET il implique des risques de bris (une bouteille d’huile qui casse dans un colis, ça scrap tout le contenu de la boîte: pertes de produits pour nous, déception pour les client·es, renvoi de produits gratuitement) ET il est très peu recyclé.
Tu vois le genre?
Si en plus nos client·es veulent des produits plus abordables (c’est entre autres ce qu’a révélé un gros sondage fait récemment), tu comprendras que de vendre de nombreux ingrédients dans des contenants de verre, c’est problématique.
C’est pour cette raison que nous avons amorcé des changements pour certains de nos ingrédients. On te rassure là, on ne va pas éliminer le verre en entier chez nous, mais on met en place des changements stratégiques, par exemple pour nos plus gros contenants qui sont plus cassants, plus lourds et plus chers.
Au final, dans ce beau processus-là, on comprend et on accepte qu’on ne peut pas être de tous les combats.
Parce qu’être de tous les combats, ça nous dévie de notre mission, ça nous épuise et ça met en péril la survie de notre entreprise et de notre vision.
Le temps et l’argent qu’on « perd » à se démener pour trouver des sacs compostables ou à emballer, remballer, renvoyer des colis en verre super lourds, ben c’est du temps et de l’argent qu’on ne peut pas mettre au développement de notre entreprise et à la poursuite de notre mission. C’est de l’argent en moins pour améliorer les conditions de travail de notre équipe. C’est de l’énergie en moins pour créer de nouvelles recettes, de nouveaux ateliers.
On a appris
Après maintenant près de 5 ans dans le monde des affaires, on a appris qu’on ne pouvait pas tout faire. Qu’on ne peut pas être parfaites, et que c’est parfait de même! On sait maintenant qu’on doit avoir une vision globale et large, au risque de déplaire à certain·es.
Tu sais quoi? C’est un prix qu’on est prêtes à payer parce qu’on sait que c’est la bonne chose à faire.
